Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/212

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& de théologie, avec les bêtes, avec la plus méchante de toutes, avec le serpent. C’est cela qui donne un bien démenti bien formel à M. R.

Le serpent étoit le démon sans doute, & n’en étoit pas moins bête pour cela, aux yeux d’Eve au moins, qui en fut pourtant la bête ce jour-là, tant les bêtes peuvent déniaiser les hommes au dire de M. R. qui s’y connaît, comme on voir, mais ne se connaît point du tout aux hommes ni à leur marche, depuis le premier instant de leur institution dans un beau jardin & non au pied d’un chêne, & à l’appétit d’un gland des forêts du Canada ; car je suppose que le premier fruit qui a tenté Eve, étoit pulchrum visu, aspectuque delectabile. Je suis, Monsieur, votre, &c.

LETTRE XXXI.

Dans sa fantaisie d’ériger les hommes naturels en bêtes, on doit bien s’attendre à voir M. R. ériger les bêtes en hommes. Il est piqué de ce que les Pongos, les Mandrills, les Orang-Outangs & bien d’autres especes de singes, qui approchent beaucoup de la forme humaine extérieure, ont été déclarés pures bêtes par la plupart des voyageurs qui en ont parlé ; & il dit que ce sont les mêmes êtres, dont sous les noms de Faunes, de Satyres, de Sylvains, les anciens faisoient des Divinités. Se croyant lui sans doute fort modéré de prendre le milieu entre les idolâtres & les bons chrétiens, en faisant