Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/222

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les voit ici sans passer le ruisseau de sa rue, M. R. ne daigneroit pas y dépenser la cent millionieme partie de millions qu’y ont réellement mis nos curieux magnifiques, Rois pourtant, Princes & Empereurs, fort loués pour avoir secondé par-là le zele des savans, des artistes & des apôtres même. Je suis Monsieur, votre, &c.

LETTRE XXXIII.

J’en demande pardon, Monsieur, aux habiles hommes, aux gens d’esprit que vous me forcez ici de citer d’après vous, aux Montesquieu, aux Diderot, aux Buffon, aux Duclos, aux d’Alembert, &c. Puisque vous osez les citer comme gens à exécuter un projet aussi frivole que le vôtre, en manquant de respect à eux, & au Roi dont vous avilissez le projet & l’exécution des voyages au Pôle, à la mer du Sud, & cent autres qu’ils ont faits & exécutés chacun selon son talent reconnu & sa façon à laquelle on a applaudi.

C’est se donner un peu d’air en se mettant au-dessus des Rois, d’inviter des gens de qualité comme les Montesquieu & d’autres à l’exécution de tels projets, en ne les honorant que de la gloire d’y dépenser leur bien. Il est vrai que c’eût été manquer totalement de respect à un Montesquieu de lui présenter vingt mille écus, & des gratifications & pensions d’une telle main. Comme M. de Montesquieu mon illustre & cher ami à la vie & à la mort, n’y est pas pour se défendre d’une