Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/242

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C’est la note 13. qui mérite un bon correctif aux chicanes de l’Auteur. Il triomphe de quelques historiettes, qu’il raconte d’après les gazettes ou journaux, de quelques Sauvages qu’on n’a pu apprivoiser à nos façons européennes ; ni à notre bien-être, ni à notre société, arts, sciences, goûts, délices même quoiqu’on les ait apprivoisés par milliers, de bonne foi & à demeure, à notre sainte religion & aux mœurs chrétiennes, sinon à nos mœurs en général.

Encore M. R. ignore-t-il tous ses avantages, & la mine inépuisable de chicanes que je veux ouvrir, tant j’y vais de bonne foi avec lui & avec le public. Non-seulement on n’a point apprivoisé les Sauvages à nos mœurs, usages & façons goûts & dégouts, délices & amertumes ; non-seulement ceux qu’on y a apprivoisés pour un tems, s’en sont désabusés ;mais beaucoup de François, & sur-tout d’Anglois, se sont librement jettés dans la vie sauvage, & se sont faits à demeure Caffres Lappons, Iroquois, Hurons Abenaquis, Miamis, Illinois.

L’Acadie est encore pleine de François, d’Anglois même qui y vivent à la sauvage, mais en société libre, souvent libertine, & souvent aussi en chrétiens. Nos usages, nos goûts, nos délices sont choses assez frivoles, & qu’on peut remplacer par d’autres goûts, délices & usages de tempérament ou d’habitude, en vue même d’une assez honnête liberté. Est-ce que tous les peuples de l’Europe s’astreignent à nos goûts & à nos façons au préjudice des leurs ? Tout cela est arbitraire & dépend beaucoup de l’éducation.

Mais la société de pere, mere, enfans, parens, amis, voisins, n’a rien d’arbitraire & est de la premiere comme de la