Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Hume d’en appeller au témoignage de gens qui ne sont plus.

Qui peut donc prendre à tâche de répandre l’amertume sur les jours d’un homme qui n’a provoqué la vengeance de personne ? Ah ! C’est l’envie ; on la distingue, parte qu’on ne la voit pas : cette passion la plus lâche de toutes, ne porte ses coups qu’à la faveur des ténèbres.

Qu’on ne m’oppose point que M. Hume, & M. Walpole se sont montrés. Ce n’est point d’eux qu’il s’agit ici. D’ailleurs je trouve que ces deux étrangers doivent exciter plus de pitié que d’indignation. En effet, M. Hume séduit par des conseils insensés ou perfides a fait une sottise, qu’on doit d’autant plus volontiers lui pardonner, qu’à moins de le regarder comme un monstre, on ne sauroit douter qu’il ne l’expie par le plus sincere repentir ; & le pauvre M. Walpole s’est acquis en dupe auprès de nous autres François la réputation de méchant : puisque tout le mérite de la barbare plaisanterie qu’il s’est permise consiste dans la tournure, & que cette tournure n’est pas à lui. Quant à M. de Voltaire dont le nom a paru à la tête de deux mauvaises lettres, leur auteur n’en est que mieux caché.

De tant de libelles qui révoltent l’honnêteté, je ne veux aujourd’hui m’occuper que d’un seul ; & je le choisis, non

comme le mieux fait, mais comme le plus infâme. C’est celui qui est intitulé, Notes sur la lettre de M. de Voltaire à M. Hume. C’est bien le plus noir, & le plus plat écrit qui ait jamais vu le jour. L’auteur y déraisonne d’un bout à l’autre ; tantôt avec la plus insigne mauvaise soi ;tantôt avec la pesanteur la plus assommante ; tantôt avec la plus risible présomption. Enfin, mal-adroit au point de ne savoir pas orner des