Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/359

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méchancetés du peu d’agrémens qu’il leur faut pour plaire, il s’avise de donner des leçons à un homme qu’il prend pour M. de Voltaire : cela est original. Voyons, en répondant à l’auteur de ces Notes, si plus heureuse que lui, je pourrai avec très-peu d’esprit, dire quelque chose de passable. Il ne faut pas beaucoup présumer de soi pour entrer en lice avec un tel adversaire ; de ce moment c’est à lui que je vais parler,

L’Editeur de vos remarques déclare, Monsieur, qu’elles sont d’un Magistrat. En vérité la dignité de leur ton répond bien à celle de ce titre ! Vous Magistrat ! Peut-on calomnier à ce point la Magistrature ! Quoi qu’il en soit, comme les déclarations sont devenues fort à la mode, & que je suis bien aise de déclarer aussi, je déclare que la déclaration de l’Editeur de vos remarques ne m’en impose pas. Je déclare de plus que quand vous seriez Magistrat, je ne croirois pas vous en devoit plus d’égards ; par la raison qu’un Magistrat qui seroit ses libelles anonymes, seroit confondu, par son caractere personnel, avec les coupables que l’autorité attachée à sa place doit punir.

M. de Voltaire dites vous, Monsieur, auroit dû citer le passage où Jean-Jaques dit qu’il lui faut une statue. Et pour étayer votre ingénieuse remarque, vous citez un passage où il ne le dit pas. Relisez-le, Monsieur, ce passage, & vous verrez, s’il vous est possible de bien voir, que Jean-Jaques pousse l’orgueil bien plus loin que vous ne croyez, car la façon dont il s’exprime ne dit pas qu’il lui faut une statue, mais que cet hommage augmenteroit la gloire du gouvernement qui le lui rendroit. Au reste, Monsieur, M. de Voltaire, (car pour