LES
CONFESSIONS
DE
J. J. ROUSSEAU.
La force extraordinaire qu’une effervescence passagère
m’avoit donnée pour quitter l’Hermitage, m’abandonna
sitôt que j’en fus dehors. À peine fus-je établi dans ma
nouvelle demeure, que de vives & fréquentes attaques de
mes rétentions se compliquèrent avec l’incommodité nouvelle
d’une hernie qui me tourmentoit depuis quelque temps,
sans que je susse que c’en étoit une. Je tombai bientôt
dans les plus cruels accidens. Le médecin Thyerri, mon
ancien ami, vint me voir & m’éclaira sur mon état. Ttout
l’appareil des infirmités de l’âge rassemblé autour de moi,
me fit durement sentir qu’on n’a plus le cœur jeune impunément,
quand le corps a cessé de l’être. La belle saison
ne me rendit point mes forces, & je passai toute l’année
1758 dans un état de langueur, qui me fit croire que je
touchois à la fin de ma carrière. J’en voyois approcher le
terme avec une sorte d’empressement. Revenu des chimères