fait plusieurs fois cette remarque, je devins plus soigneux de fermer le donjon. La serrure étoit mauvaise, la clef ne fermoit qu’à demi-tour. Devenu plus attentif, je trouvai un plus grand dérangement encore que quand je laissois tout ouvert. Enfin, un de mes volumes se trouva éclipsé pendant un jour & deux nuits, sans qu’il me fût possible de savoir ce qu’il étoit devenu jusqu’au matin du troisième jour, que je le retrouvai sur ma table. Je n’eus, ni n’ai jamais eu de soupçon sur M. Mathas, ni sur son neveu M. Du Moulin, sachant qu’ils m’aimoient l’un & l’autre, & prenant en eux toute confiance. Je commençois d’en avoir moins dans les Commères. Je savois que, quoique jansénistes, ils avoient quelques liaisons avec d’Alembert & logeoient dans la même maison. Cela me donna quelque inquiétude & me rendit plus attentif. Je retirai mes papiers dans ma chambre, & je cessai tout-à-fait de voir ces gens-là, ayant su d’ailleurs qu’ils avoient fait parade dans plusieurs maisons, du premier volume de l’Emile, que j’avois eu l’imprudence de leur prêter. Quoiqu’ils continuassent d’être mes voisins jusqu’à mon départ, je n’ai plus eu de communication avec eux depuis lors. Le Contrat social parut un mais ou deux avant l’Emile. Rey, dont j’avois toujours exigé qu’il n’introduiroit jamais furtivement en France aucun de mes livres, s’adressa au magistrat pour obtenir la permission de faire entrer celui-ci par Rouen, où il fit par mer son envoi. Rey n’eut aucune réponse : ses ballots restèrent à Rouen plusieurs mois, au bout desquels on les lui renvoya après avoir tenté de les confisquer, mais il fit tant de bruit, qu’on les lui rendit. Des
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