curieux en tirèrent d’Amsterdam quelques exemplaires qui circulèrent avec peu de bruit. Mauléon qui en avoit oui parler & qui même en avoit vu quelque chose, m’en parla d’un ton mystérieux qui me surprit, & qui m’eût inquiété même, si certain d’être en règle à tous égards & de n’avoir nul reproche à me faire, je ne m’étois tranquillisé par ma grande maxime. Je ne doutois pas même que M. de Choiseul, déjà bien disposé pour moi, & sensible à l’éloge que mon estime pour lui m’en avoit fait faire dans cet ouvrage, ne me soutînt en cette occasion contre la malveillance de Mde. de P.......r.
J’avois assurément lieu de compter alors, autant que jamais, sur les bontés de M. de Luxembourg, & sur son appui dans le besoin : car jamais il ne me donna de marques d’amitié ni plus fréquentes, ni plus touchantes. Au voyage de Pâques, mon triste état ne me permettant pas d’aller au château, il ne manqua pas un seul jour de me venir voir ; & enfin me voyant souffrir sans relâche, il fit tant qu’il me détermina à voir le frère Côme, l’envoya chercher, me l’amena lui-même, & eut le courage, rare certes & méritoire dans un grand seigneur, de rester chez moi durant l’opération qui fut cruelle & longue. Au premier examen, le frère Côme crut trouver une grosse pierre, & me le dit ; au second, il ne la trouva plus. Après avoir recommencé une seconde & une troisième fois, avec un soin & une exactitude qui me firent trouver le tems fort long, il déclara qu’il n’y avoit point de pierre, mais que la prostate étoit squirreuse & d’une grosseur surnaturelle ; & finit par me