Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/219

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sur une matière si importante, & dans le moment où vous êtes à temps de délibérer. M, de * * *. ne m’a écrit ni fait écrire ; je n’ai de ses nouvelles ni directement ni indirectement ; & quoique nos anciennes liaisons m’ayent laissé de l’attachement pour lui, je n’ai eu nul égard à son intérêt, dans ce que je viens de vous dire. Mais moi que vous laissâtes lire dans votre cœur, & qui en vis si bien la tendresse & l’honnêteté ; moi, qui quelquefois vis couler vos larmes, je n’ai point oublié l’impression qu’elles m’ont faite, & je ne suis pas sans crainte sur celle qu’elles ont pu vous laisser. Mériterois-je l’amitié dont vous m’honorez, si je négligeois en ce moment les devoirs qu’elle impose ?

LETTRE À Mr. DE S......

À Motiers le 20 Mai 1764.

Mettez-vous à ma place Monsieur, & jugez-vous. Quand, trop facile à céder à vos avances, j’épanchois mon cœur avec vous, vous me trompiez. Qui me répondra qu’aujourd’hui vous ne me trompez pas encore ? Inquiet de votre long silence, je me suis fait informer de vous à la cour de Vienne ; votre nom n’y est connu de personne. Ici votre honneur est compromis, & depuis votre départ, une salope, appuyée de certaines gens, vous a chargé d’un enfant. Qu’êtes-vous allé faire à Paris ? Qu’y faites-vous maintenant, logé précisément