Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/253

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J’ai des accès d’abattement ; cela est assez naturel dans l’état de maladie ; & ces accès sont très-sensibles, parce qu’ils sont les momens où je cherche le plus à m’épancher. Mais ils sont courts, & n’influent point sur ma conduite. Mon état habituel est le courage, & vous le verrez peut-être dans cette affaire, si l’on me pousse à bout ; car je me fais une loi d’être patient jusqu’au moment où l’on ne peut plus l’être sans lâcheté. Je ne sais quelle diable de mouche a piqué vos Messieurs ; mais il y a bien de l’extravagance à tout ce vacarme ; ils en rougiront sitôt qu’ils seront calmés.

Mais que dites-vous, Monsieur, de l’étourderie de vos ministres, qui devroient trembler qu’on n’apperçut qu’ils existent, & qui vont sottement payer pour les autres dans une affaire qui ne les regarde pas. Je suis persuadé qu’ils s’imaginent que je vais rester sur la défensive, & faire le pénitent & le suppliant : le Conseil de Genève le croyoit aussi, je l’ai désabusé ; je me charge de les désabuser de même. Soyez-moi témoin, Monsieur, de mon amour pour la paix, & du plaisir avec lequel j’avois posé les armes ; s’ils me forcent à les reprendre, je les reprendrai ; car je ne veux pas me laisser battre à terre, c’est un point tout résolu. Quelle prise ne me donnent-ils pas ? À trois ou quatre près que j’honore & que j’excepte, que sont les autres ? Quels mémoires n’aurai-je pas sur leur compte ? Je suis tenté de faire ma paix avec tous les autres Clergés, aux dépends du vôtre ; d’en faire le bouc d’expiation pour les péchés d’Israël. L’invention est bonne, & son succès est certain. Ne seroit-ce pas bien servir l’Etat, d’abattre si bien leur morgue, de les avilir à tel point, qu’ils ne pussent jamais plus ameuter