Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/279

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où j’arrive, soit le seul où l’on me la refuse. C’est en même temps ce qui me console ; l’accueil que je viens de recevoir à Paris, où j’ai passé ma vie, me dédommage de tout ce qu’on dit à Londres. Comme les Anglois, un peu légers à juger, ne sont pourtant pas injustes, si jamais je vis en Angleterre aussi long-temps qu’en France, j’espère à la fin n’y pas être moins estimé. Je sais que tout ce qui se passe à mon égard n’est point naturel, qu’une nation toute entière ne change pas immédiatement du blanc au noir sans cause, & que cette cause secrète est d’autant plus dangereuse qu’on s’en défie moins ; c’est cela même qui devroit ouvrir les yeux du public sur ceux qui le mènent, mais ils se cachent avec trop d’adresse pour qu’il s’avise de les chercher où ils sont. Un jour il en saura davantage, & il rougira de sa légéreté. Pour vous, Monsieur, vous avez trop de sens, & vous êtes trop équitable, pour être compté parmi ces juges plus sévères que judicieux. Vous m’avez honoré de votre estime ; je ne mériterai jamais de la perdre, & comme vous avez toute la mienne, j’y joins la confiance que vous méritez.