Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/32

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moyen de me soustraire à la juridiction du parlement, qui ne se mêle pas des prisonniers d’Etat. Je n’objectai rien contre cette singulière grâce, pourvu qu’elle ne fût pas sollicitée en mon nom. Comme elle ne m’en parla plus, j’ai jugé dans la suite qu’elle n’avoit proposé cette idée que pour me sonder, & qu’on n’avoit point voulu d’un expédient qui finissoit tout.

Peu de jours après, M. le Maréchal reçut du curé de Deuil, ami de G[rimm] & de Mde. D’E[pina]y, une lettre portant l’avis, qu’il disoit avoir eu de bonne part, que le parlement devoit procéder contre moi avec la dernière sévérité, & que tel jour, qu’il marqua, je serois décrété de prise de corps. Je jugeai cet avis de fabrique H[olbachiqu]e ; je savois que le parlement étoit très attentif aux formes, & que c’étoit toutes les enfreindre que de commencer en cette occasion par un décret de prise de corps, avant de savoir juridiquement si j’avouois le livre, & si réellement j’en étois l’auteur. Il n’y a, disois-je à Mde. de B.......s, que les crimes qui portent atteinte à la sûreté publique, dont sur le simple indice on décrète les accusés de prise de corps, de peur qu’ils n’échappent au châtiment. Mais quand on veut punir un délit tel que le mien, qui mérite des honneurs & des récompenses, on procède contre le livre, & l’on évite autant qu’on peut de s’en prendre à l’auteur.

Elle me fit à cela une distinction subtile, que j’ai oubliée, pour me prouver que c’étoit par faveur qu’on me décrétoit de prise de corps, au lieu de m’assigner pour être oui. Le lendemain je reçus une lettre de Guy, qui me marquoit que