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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/344

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LETTRE AU MÊME.

Ce mardi 9 Juin 1767.

Votre présence, Monsieur, votre noble hospitalité, vos bontés de toute espèce, ont mis le comble aux sentimens que m’avoient inspiré vos écrits & vos lettres. Je vous suis attaché par tous les liens qui peuvent rendre un homme respectable & cher à un autre ; mais je suis venu d’Angleterre avec une résolution qu’il ne m’est pas même permis de changer, puisque je ne saurois devenir votre hôte à demeure, sans contracter des obligations qu’il n’est pas en mon pouvoir ni même en ma volonté de remplir, & pour répondre une fois pour toutes à un mot que vous m’avez dit en passant, je vous répète & vous déclare que jamais je ne reprendrai la plume pour le public, sur quelque sujet que ce puisse être, que je ne serai ni ne laisserai rien imprimer de moi avant ma mort, même de ce qui reste encore en manuscrit, que je ne puis ni ne veux rien lire désormais de ce qui pourroit réveiller mes idées éteintes, pas même vos propres écrits ; que dès à présent je suis mort à toute littérature, sur quelque sujet que ce puisse être, & que jamais rien ne me sera changer de résolution sur ce point. Je suis assurément pénétré pour vous de reconnoissance, mais non pas jusqu’à vouloir ni pouvoir me tirer de mon anéantissement mental. N’attendez rien de moi, à moins que, pour mes péchés, je ne