Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/371

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l’autre est douloureux, je ne sais si vous vous accommoderiez d’avoir ainsi changé vos grandes douleurs en petite monnoie : mais il est à présumer que ce n’est qu’une queue de cette goutte effarouchée, & que tout reprendra dans peu son cours naturel. Apprenez donc une fois pour toutes, à ne vouloir pas guérir malgré la nature, car c’est le moyen presqu’assuré d’augmenter vos maux.

À mon égard les conseils que vous me donnez, sont plus aisés à donner qu’à suivre. Les herborisations & les promenades seroient en effet de douces diversions à mes ennuis, si elles m’étoient laissées ; mais les gens qui disposent de moi, n’ont garde de me laisser cette ressource. Le projet dont Mrs. M***. & D**. sont les exécuteurs, demande qu’il ne m’en reste aucune ; comme on m’attend au passage, on n’épargne rien pour me chasser d’ici, & il paroît que l’on veut réussir dans peu, de manière ou d’autre. Un des meilleurs moyens que l’on prend pour cela, est de lâcher sur moi la populace des villages voisins. On n’ose plus mettre personne au cachot, & dire que c’est moi qui le veux ainsi ; mais on a fermé, barré, barricadé le château de to côtés. Il n’y a plus ni passage, ni communication par les cours ni par la terrasse ; & quoique cette clôture me soit très-incommode à moi-même, on a soin de répandre par les gardes & par d’autres émissaires, que c’est le Monsieur du château qui exige tout cela pour faire pièce aux paysans. J’ai senti l’effet de ce bruit dans deux sorties que j’ai faites, & cela ne m’excitera pas à les multiplier. J’ai prié le fermier de me faire faire une clef de son jardin qui est assez