Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/372

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grand, & ma résolution est de borner mes promenades à ce jardin, & au petit jardin du Prince qui, comme vous savez, est grand comme la main, & enfoncé comme un puits. Voilà, mon cher hôte, comment au cœur du royaume de France, les mains étrangères s’appesantissent encore sur moi. À l’égard du patron de la case, on l’empêche de rien savoir de ce qui se passe, & de s’en mêler. Je suis livré seul & sans ressource à ma constance & à mes persécuteurs. J’espère encore leur faire voir que la besogne qu’ils ont entreprise, n’est pas si facile à exécuter qu’ils l’ont cru. Voilà bien du verbiage pour deux mots de réponse qu’il vous falloit sur cet article. Mais j’eus toujours le cœur expansif ; je ne serai jamais bien corrigé de cela, & votre devise ne sera jamais la mienne.

J’ai découvert avec une peine infinie, les noms de botanique de plusieurs plantes du Garsaut. J’ai aussi réduit, avec non moins de peine, les phrases de Sauvages à la nomenclature triviale de Linnaeus qui est très-commode. Si le plaisir d’avoir un jardin vous rend un peu de goût pour la botaninique, je pourrai vous épargner beaucoup de travail pour la synonymie, en vous envoyant pour vos exemplaires ce que j’ai noté dans les miens, & il est absolument nécessaire de débrouiller cette partie critique de la botanique, pour reconnoître la même plante, à qui souvent chaque auteur donne un nom différent.

Je ne vous parle point de vos affaires publiques, non que je cesse jamais d’y prendre intérêt ; mais parce que cet intérêt, borné par ses effets à des vœux aussi vrais qu’impuisans,