Altesse. Dis-moi, je t’en prie, monseigneur ton mari est-il Atteman, Knes ou Boyard ? Pour moi, je croirai jurer s’il faut t’appeler Madme la Boyarde [1]. Ô pauvre enfant ! Toi qui as tant gémi d’être née demoiselle, te voilà bien chanceuse d’être la femme d’un prince ! Entre nous cependant, pour une dame de si grande qualité, je te trouve des frayeurs un peu roturieres. Ne sais-tu pas que les petits scrupules ne conviennent qu’aux petites gens & qu’on rit d’un enfant de bonne maison qui prétend être fils de son pere ?
Je pars pour Etange, petite cousine ; je m’étois proposé de vous voir en allant ; mais un retard dont vous êtes cause me force à plus de diligence & j’aime mieux coucher à Lausanne en revenant pour y passer quelques heures de plus avec vous. Aussi bien j’ai à vous consulter sur plusieurs choses dont il est bon de vous parler d’avance afin que vous ayez le tems d’y réfléchir avant de m’en dire votre avis.
- ↑ Mde. D’Orbe ignoroit apparemment que les deux premiers noms sont en effet des titres distingués, mals qu’un Boyard n’est qu’un simple gentilhomme.