Cette page n’a pas encore été corrigée
LETTRES
DE
DEUX AMANS,
HABITANS D’UNE PETITE VILLE
AU PIED DES ALPES.
CINQUIEME PARTIE.
LETTRE I.
DE MILORD EDOUARD À SAINT PREUX.
[1]
Sors de l’enfance, ami, réveille-toi. Ne livre point ta vie entiere au long sommeil de la raison. L’âge s’écoule, il ne t’en reste plus que pour être sage. À trente ans passés, il est tems de songer à soi ; commence donc à rentrer en toi-même & sois homme une fois avant la mort.
Mon cher, votre cœur vous en a long-tems imposé sur vos lumieres. Vous avez voulu philosopher avant d’en être capable ; vous avez pris le sentiment pour de la raison & content d’estimer les choses par l’impression qu’elles vous ont faite, vous avez toujours ignoré leur véritable prix. Un cœur
- ↑ Cette lettre paroit avoir été écrite avant la reception de la précédente.