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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t3.djvu/380

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c’est qu’elle la passe & que ni toi ni moi n’écrirons de la vie rien d’aussi joli. & puis on se donnera les airs de traiter ce prodige de petite impertinente ! Ah ! c’est assurément pure jalousie. En effet, te voit-on jamais à genoux devant elle lui baiser humblement les deux mains l’une après l’autre ? grace à toi, la voilà modeste comme une vierge & grave comme un Caton ; respectant tout le monde ; jusqu’à sa mere : il n’y a plus le mot pour rire à ce qu’elle dit ; à ce qu’elle écrit, passe encore. Aussi, depuis que j’ai découvert ce nouveau talent, avant que tu gâtes ses lettres comme ses propos, je compte établir de sa chambre à la mienne un courrier d’Italie dont on n’escamotera point les paquets.

Adieu, petite cousine. Voilà des réponses qui t’apprendront à respecter mon crédit renaissant. Je voulois te parler de ce pays & de ses habitants, mais il faut mettre fin à ce volume ; & puis tu m’as toute brouillée avec tes fantaisies & le mari m’a presque fait oublier les hôtes. Comme nous avons encore cinq ou six jours à rester ici & que j’aurai le tems de mieux revoir le peu que j’ai vu, tu ne perdras rien pour attendre & tu peux compter sur un second tome avant mon départ.