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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t3.djvu/478

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Comme la réponse de Julie étoit décisive sur mes doutes & n’étoit pas, à l’égard des lieux communs, dans le cas de l’exhortation, je vais vous la rapporter presque mot à mot ; car je l’avois bien écoutée & j’allai l’écrire dans le moment.

Permettez-moi, Monsieur, de commencer par vous remercier de tous les soins que vous avez pris de me conduire dans la droite route de la morale & de la foi chrétienne & de la douceur avec laquelle vous avez corrigé ou supporté mes erreurs quand je me suis égarée. Pénétrée de respect pour votre zele & de reconnaissance pour vos bontés, je déclare avec plaisir que je vous dois toutes mes bonnes résolutions & que vous m’avez toujours portée à faire ce qui étoit bien & à croire ce qui étoit vrai.

J’ai vécu & je meurs dans la communion protestante, qui tire son unique regle de l’Ecriture sainte & de la raison ; mon cœur a toujours confirmé ce que prononçoit ma bouche ; & quand je n’ai pas eu pour vos lumieres toute la docilité qu’il eût fallu peut-être, c’étoit un effet de mon aversion pour toute espece de déguisement : ce qu’il m’étoit impossible de croire, je n’ai pu dire que je le croyais ; j’ai toujours cherché sincerement ce qui étoit conforme à la gloire de Dieu & à la vérité. J’ai pu me tromper dans ma recherche ; je n’ai pas l’orgueil de penser avoir eu toujours raison : j’ai peut-être eu toujours tort ; mais mon intention a toujours été pure & j’ai toujours cru ce que je disois croire. C’étoit sur