pas l’affabilité de son caractere par des paroles emmiellées & sans effet, mais par des services véritables & par de continuels actes de bonté. Eux, de leur côté, quittent tout à son moindre signe ; ils volent quand elle parle ; son seul regard anime leur zele ; en sa présence ils sont contents ; en son absence ils parlent d’elle & s’animent à la servir. Ses charmes & ses discours font beaucoup ; sa douceur, ses vertus, font davantage. Ah ! milord, l’adorable & puissant empire que celui de la beauté bienfaisante !
Quant au service personnel des maîtres, ils ont dans la maison huit domestiques, trois femmes & cinq hommes, sans compter le valet de chambre du baron ni les gens de la basse-cour. Il n’arrive guere qu’on soit mal servi par peu de domestiques ; mais on dirait, au zele de ceux-ci, que chacun, outre son service, se croit chargé de celui des sept autres & à leur accord, que tout se fait par un seul. On ne les voit jamais oisifs, & désœuvrés jouer dans une antichambre ou polissonner dans la cour, mais toujours occupés à quelque travail utile : ils aident à la basse-cour, au cellier, à la cuisine ; le jardinier n’a point d’autres garçons qu’eux ; & ce qu’il y a de plus agréable, c’est qu’on leur voit faire tout cela gaiement & avec plaisir.
On s’y prend de bonne heure pour les avoir tels qu’on les veut. On n’a point ici la maxime que j’ai vue régner à Paris & à Londres, de choisir des domestiques tout formés, c’est-à-dire des coquins déjà tout faits, de ces coureurs de conditions, qui, dans chaque maison qu’ils parcourent, prennent à la fois les défauts des valets & des maîtres & se font un