Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t4.djvu/193

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trouver des défauts, il ne m’en cherchera pas, & sera peu tenté d’en chercher à d’autres.

Toutes ces pratiques semblent difficiles, parce qu’on ne s’en avise pas ; mais dans le fond elles ne doivent point l’être. On est en droit de vous supposer les lumières nécessaires pour exercer le métier que vous avez choisi ; on doit présumer que vous connaissez la marche naturelle du cœur humain, que vous savez étudier l’homme & l’individu ; que vous savez d’avance à quoi se pliera. la volonté de votre élève à l’occasion de tous les objets intéressants pour son âge que vous ferez passer sous ses yeux. Or, avoir les instruments, & bien savoir leur usage, n’est-ce pas être maître de l’opération ?

Vous objecterez les caprices de l’enfant ; & vous avez tort. Le caprice des enfants n’est jamais l’ouvrage de la nature, mais d’une mauvaise discipline : c’est qu’ils ont obéi ou commandé ; & j’ai dit cent fois qu’il ne falloit ni l’un ni l’autre. Votre élève n’aura donc de caprices que ceux que vous lui aurez donnés : il est juste que vous portiez la peine de vos fautes. Mais, direz-vous, comment y remédier ? Cela se peut encore, avec une meilleure conduite & beaucoup de patience.

Je m’étois chargé, durant quelques semaines, d’un enfant accoutumé non seulement à faire ses volontés, mais encore à les faire faire à tout le monde, par conséquent plein de fantaisie. Des le premier jour, pour mettre à l’essai ma complaisance, il voulut se lever à minuit, Au plus fort de mon sommeil, il saute à bas de son lit, prend sa robe de