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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/104

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Ecoutez, toutefois, ce qu’il ajoute : " Reste enfin, dit-il, l’examen le plus important dans la doctrine annoncée : car puisque ceux qui disent que Dieu fait ici-bas des miracles, prétendent que le Diable les imite quelquefois, avec les prodiges les mieux constatés nous ne sommes pas plus avancés qu’auparavant ; & puisque les magiciens de Pharaon osoient, en présence même de Moyse, faire les mêmes signes qu’il faisoit par l’ordre exprès de Dieu, pourquoi dans son absence n’eussent-ils pas, aux mêmes titres, prétendu la même autorité ? Ainsi donc, après avoir prouvé la doctrine par le miracle, il faut prouver le miracle par la doctrine, de peur de prendre l’œuvre du Démon pour l’œuvre de Dieu.*

[*Je suis forcé de confondre ici la note avec le texte ; à l’imitation de M. de Beaumont. Le Lecteur pourra consulter l’un & l’autre dans le Livre même, T. II. p. 79. in-4̊. T. III. p. 121. in-8̊. & in-12̊.] Que faire en pareil cas pour éviter le dialele ? Une seule chose ; revenir au raisonnement, & laisser-là les miracles. Mieux eût valu n’y pas recourir. "

C’est dire ; qu’on me montre des miracles, & je croirai. Oui, Monseigneur : c’est dire ; qu’on me montre des miracles, & je croirai aux miracles. C’est dire ; qu’on me montre des miracles, & je refuserai encore de croire. Oui, Monseigneur, c’est dire, selon le précepte même de Moyse*

[*Deuteron. C. XIII]

qu’on me montre des miracles & je refuserai encore de croire une doctrine absurde & déraisonnable qu’on voudroit étayer par eux. Je croirois plutôt à la magie, que de reconnoître la voix de Dieu dans des leçons contre la raison.