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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/109

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foi. On attaqua les PaÏens à leur tour ; les attaquer c’etoit les vaincre ; les premiers succès encouragèrent d’autres ecrivains : sous prétexte d’exposer la turpitude du Paganisme, on se jetta


bien le premiers Chrétiens se tenoient offenses d’être pris pour des Philosophes.

Ce seroit, en effet, un détail bien flétrissant pour la Philosophie, que l’exposition des maximes pernicieuses, & des dogmes impies de ses diverses Sectes. Les Epicuriens nioient toute providence, les Académiciens doutoient de l’existence de la Divinité, & les StoÏciens de l’immortalité de l’ame. La Sectes moins célebres n’avoient pas de meilleurs sentimens ; en voici un échantillon dans ceux de Théodore, chef d’une des deux branches des Cyrenaiques rapporte par Diogene-Laerce. Sustulit amicitiam quod ea neque insipientibus neque sapientibus adsit... Probabile dicebat prudentem virum non seipsun pro patria periculis exponere, neque enim pro insipientium commodis amittendam esse prudentiam. Furto quoque & adulterio & sacrilegio cum tempestivum erit daturum operam sapientem. Nihil quippe horum turpe natura esse. Sed auferatur de hice vulgaris opinio, quae e stultorium imperitorumque plebecula constata est.... sapientem publice absque ullo pudore ac suspicione scortis congressurum.

Ces opinions sont particulieres, je le fais ; mais y a-t-i1 une seule de toutes les Sectes qui ne soit tombée dans quelque erreur dangereuse ; & que dirons-nous de la distinction des deux doctrines si avidement reçue de tous les Philosophes, & par laquelle ils professoient en secret des sentimens contraires à ceux qu’ils enseignoient publiquement ? Pythagore fut le premier qui fit usage de la doctrine intérieure ; il ne la decouvroit à ses disciples qu’après de longues épreuves & avec le plus grand mystère ; il leur donnoit en secret des leçons d’Athéisme, offroit solemnellement des Hécatombes à Jupiter. Les Philosophes se trouvèrent si bien de cette méthode, qu’elle se répandit rapidement dans la Grece, & de-la dans Rome ; comme en le voit par les ouvrages de Ciceron, qui se moquoit avec ses amis des Dieux immortels, qu’il attestoit avec tant d’emphase sur la Tribune aux harangues.

La doctrine intérieure n’a point été portée d’Europe à la Chine ; mais elle y est née aussi avec la Philosophie ; & c’est à elle que les Chinois sont redevables de cette foule d’Athées ou de Philosophes qu’ils ont parmi eux. L’Histoire de cette fatale doctrine, faite par un homme instruit