Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/110

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dans la mythologie & dans l’érudition ;*


& sincere, seroit un terrible coup porte à la Philosophe ancienne & moderne. Mais la Philosophie bravera toujours la raison, la vérité, & le tems même ; parce qu’elle a sa source dans l’orgueil humain, plus fort que toutes ces choses.]

[*On a fait de justes reproches à Clément d’Alexandre, d’avoir affecte dans ses ecrits une érudition profane, peu convenable à un, Chrétien. Cependant, il semble qu’on excusable alors de s’instruire de la doctrine contre laquelle on avoit à se défendre. Mais qui pourroit voir sans tire toutes les peines que se donnent aujourd’hui nos Savans, pour éclaircir les reveries de la mythologie ?] on voulut montrer de la Science & du bel esprit, les Livres parurent en foule les mœurs commencèrent à se relâcher.

Bientôt on ne se contenta plus de la simplicité de l’Evangile & de la foi des Apôtres, il falut toujours avoir plus d’esprit que ses.prédécesseurs. On subtilisa sur tout les dogmes ; chacun voulut soutenir son opinion, personne ne voulut céder. L’ambition d’être Chef de Secte se fit entendre, les hérésies pullulerent de toutes parts.

L’emportement & la violence ne tardèrent pas à se joindre à la dispute. Ces Chrétiens si doux, qui ne savoient que tendre la gorge aux couteaux, devinrent entr’eux des persécuteurs furieux pires que les idolâtres : tous trempèrent dans les même excès & parti de le parti de la vérité ne fut pas soutenu avec plus de modération que celui de l’erreur. Un autre mal encore plus dangereux naquit de la même source. C’est l’introduction de l’ancienne Philosophie dans la doctrine Chrétienne. À force d’étudier les Philosophes Grecs, on crut y voir des rapports avec le Christianisme. On osa croire que la Religion en deviendroit plus respectable, revêtue de l’autorité de la Philosophie ;