Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/82

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bientôt les Campagnes, pour aller argumenter dans les Ecoles ; occupation selon M. Gautier, & je cross, selon bien des Professeurs, fort importante pour le bonheur de l’Etat.

En raisonnant sur un passage de Platon, j’avois présume que peut-être les anciens Egyptiens ne faisoient-ils pas des Sciences tout le cas qu’on auroit pu croire. L’Auteur de la réfutation me demande comment on peut faire accorder cette opinion avec l’inscription qu’Osymandias avoit mise à sa Bibliothèque. Cette difficulté eut pu être bonne du vivant de ce Prince. À présent qu’il est mort, je demande à mon tour ou est la nécessité de faire accorder le sentiment du Roi Osymandias avec celui des Sages d’Egypte. S’il eut compte, & sur-tout pèse les voix, qui me répondra que le mot de poisons n’eut pas été substitue, celui de remedes ? Mais passons cette fastueuse Inscription : Ces remèdes sont excellens, j’en conviens, & je l’ai déjà répété bien des fois ; mais est-ce une raison pour les administrer inconsidérément, & sans égard aux tempéramens des malades ? Tel aliment est très-bon en foi, qui dans un estomac infirme ne produit qu’indigestions & mauvaises humeurs. Que diroit-on d’un Médecin, qui après avoir fait l’éloge de quelques viandes succulentes, concluroit que tous les malades s’en doivent rassasier ?

J’ai fait voir que les Sciences & les Arts énervent le courage. M. Gautier appelle cela une façon singuliere de raisonner, & il ne voit point la liaison qui se trouve entre le courage & la vertu. Ce n’est pourtant pas, ce me semble, une chose difficile à comprendre. Celui qui s’est une fois accoutume à préféré sa vie à son devoir, ne tardera gueres a