Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/84

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de M. Rousseau ? À abolir, s’il etoit possible, les vaines déclamations des Colleges. Qui ne seroit pas indigne de l’entendre assurer que nous avons les apparences de toutes les vertus sans en avoir aucune. J’avoue qu’il y a un peu de flatterie à dire que nous en avons les apparences ; mais M. Gautier auroit du mieux que personne me pardonner celle-là. Eh ! pourquoi n’a-t-on plus de vertu ? c’est qu’on cultive les Belles-Lettres, les Sciences & les Arts. Pour cela précieusement. Si l’on etoit impolis, rustiques, ignorans, Goths, Huns, ou Vandales, on seroit digne des éloges de M. Rousseau. Pourquoi non ? Y a-t-il quelqu’un de ces noms-là qui donne l’exclusion à la vertu ? Ne se lassera-t-on point d’invectiver les hommes ? Ne se lasseront-ils point d’être mechans ? Croira-t-on toujours les rendre plus vertueux, en leur disant qu’ils n’ont point de vertu ? Croira-t-on les rendre meilleurs, en leur persuadant qu’ils sont assez bons ? Sous prétexte d’épurer les mœurs, est-il permis d’en renverser les appuis ? Sous prétexte d’éclairer les esprits, faudra-t-il pervertir les ames ? Ô doux nœuds de la société ! charme des vrais Philosophes, aimables vertus ; c’est par vos propres attraits que vous régnez dans les cœurs ; vous ne devez votre empire ni à l’âpreté stoÏque, ni à des clameurs barbares, ni aux conseils orgueilleuse rusticité.

Je remarquerai d’abord une chose assez plaisante ; c’est que de toutes. les Sectes des anciens Philosophes que j’ai attaquées comme inutiles à la vertu, les StoÏciens sont les seuls que M. Gautier m’abandonne & qu’il semble même vouloir mettre de mon cote. Il a raison ; je n’en serai gueres plus fier.

Mais voyons un peu si je pourrois rendre exactement en