Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/128

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De vos soins désormais je suis peu curieuse.

CARLIN, en déclamant.

Oui, perfide, je vois que vous me trahissez

Sans retour pour mes soins, pour mes travaux passés ; 435 Quand je vous promenais par toutes les guinguettes,

Lorsque je vous aidais à plisser vos cornettes,

Quand je vous faisais voir la Foire ou l'Opéra,

Toujours, me disiez-vous, notre amour durera.

Mais déjà d'autres feux ont chassé de ton âme 440 Le charmant souvenir de ton ancienne flamme.

Je sens que le regret m'accable de vapeurs ;

Barbare, c'en est fait, c'est pour toi que je meurs !

LISETTE.

Non, je t'aime toujours. Mais il tombe en faiblesse.

Pendant que Lisette le soutient et lui fait sentir son flacon, Carlin lui vole la lettre.

Pourquoi vouloir aussi lui cacher ma tendresse ? 445 C'est moi qui, l'assassine. Eh ! vite mon flacon.

À part.

Sens, sens, mon pauvre enfant. Ah ! le rusé fripon !

Haut.

Comment te trouves-tu ?

CARLIN.

Je reviens à la vie.

LISETTE.

De la mienne bientôt ta mort serait suivie.


Ta divine liqueur m'a tout réconforté.

LISETTE, à part.