sien, j’avertis le Public de se tenir en garde contre le mal que j’en pourrois dire. Pour eux ils ne sont pas si mal-adroits que cela. C’est une si belle chose que le vernis des procédés & le ménagement de la bienséance ! La haine en tire un si commode parti ! On satisfait sa vengeance à son aise en faisant admirer sa générosité. On cache doucement le poignard sous le manteau de l’amitié, & l’on sait égorger en feignant de plaindre. Ce pauvre citoyen ! dans le fond il n’est pas méchant ; mais il a une mauvaise tête, qui le conduit aussi mal que seroit un mauvais cœur. On lâche mystérieusement quelque mot obscur, qui bientôt est relève, commente, répandu par les apprentifs philosophes ; on prépare dans d’obscurs conciliabules le poison qu’ils se chargent de répandre dans le Public. Tel a la grandeur d’ame de dire mille biens de moi, après avoir pris ses mesures pour que ; personne n’en puisse rien croire. Tel me défend du mal dont on m’accuse, après avoir fait en sorte qu’on n’en puisse douter. Voilà ce qui s’appelle de l’habileté ! Que voulez-vous que je fasse s cela ? Entends-je de ma retraite les discours que l’on tient dans les cercles ? Quand je les entendrois, irois-je pour les démentir révéler les secrets de l’amitié, même après qu’elle est éteinte. Non, cher le Nieps, on peut repousser les coups portes par des mains ennemies ; mais quand on voit parmi les assassins son ami, le poignard à la main, il ne reste qu’a s’envelopper la tête.
FIN.