Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/332

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caracteres uniques, qui sont les seuls dont on ait à charger sa mémoire pour l’expression des sons ; qu’on apprenne à les entonner juste en montant & en descendant, diatoniquement & par intervalles, & nous voilà tout d’un coup débarrasses des difficultés de la position.

À le bien prendre, la connoissance des intervalles, par rapport à la nomination, n’est pas d’une nécessité absolu, pourvu qu’on connoisse bien le ton d’ou l’on part, & qu’on fache trouver celui ou l’on va. On peut entonner exactement l’ut le fa sans savoir qu’on fait une quarte : & surement cela seroit toujours bien moins nécessaire par ma méthode que par la commune, ou la connoissance nette & précise des notes ne peut suppléer à celle des intervalles ; au lieu que dans la mienne quand l’intervalle seroit inconnu, les deux notes qui le composent seroient toujours évidentes, sans qu’on put jamais s’y tromper dans quelque ton & à quelque clef que l’on fut. Cependant tous les avantages se trouvent ici tellement réunis, qu’au moyen de trois ou quatre observations très-simples, voilà mon Ecolier en état de nommer hardiment tout intervalle possible, soit sur la même partie, soit en sautant de d’une à l’autre, & d’en savoir plus à cet égard dans une heure d’application, que des Musiciens de dix & douze ans de pratique : car on doit remarquer, que les opérations dont je viens de parler se sont tout d’un coup par l’esprit & avec une rapidité bien éloignée des longues gradations indispensables dans la Musique ordinaire, pour arriver à la connoissance des intervalles, & qu’enfin les regles seroient toujours préférables à l’habitude, soit pour la certitude, soit pour la brièveté,