Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/46

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Lucinde.

Ah ! Marton, j’entends du bruit ; cachons vite ce portrait. C’est, sans doute, mon frere qui revient, & en nous amusant à jaser, nous nous sommes ôte le loisir d’exécuter notre projet.

Marton.

Non, c’est Angelique.

SCENE II.

ANGELIQUE, LUCINDE, MARTON.

ANGELIQUE

Ma chere Lucinde, vous savez avec quelle répugnance je me prêtai à votre projet quand vous fîtes changer la parure du portrait de Valere en des ajustemens de femme.. A présent que je vous vois prête à l’exécuter, je tremble que le déplaisir de se voir jouer de indispose contre nous. Renonçons, je vous prie, à ce frivole badinage. Je sens que je ne puis trouver de goût à m’égayer au risque du repos de mon cœur.

Lucinde.

Que vous êtes timide ! Valere vous aime trop pour prendre en mauvaise part tout ce qui lui viendra de la votre, tant que vous ne serez que sa maîtresse. Songez que vous n’avez plus qu’un jour à donner carrière à vos fantaisies, & que le tour ores siennes ne viendra que trop tôt. D’ailleurs, il est