Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/555

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médite avec nos illustres chefs, & entr’autres avec Monsieur l’Abbé & Monsieur Caraffe, qui en toute occasion ont si bien mérite du bon parti & fait tant de mal a la bonne Musique.

I.

On ne suivra point en cette occasion la méthode ordinaire, employée avec succès dans les autres Intermèdes : mais avant que de mal parler de celui-ci on attendra de le connoître dans les répétitions. Si la Musique en es médiocre, nous en parlerons avec admiration ; nous affecterons tous unanimement de l’élever jusqu’aux nues, afin qu’on attende des prodiges & qu’on se trouve plus loin de compte a la premiere représentation. Si malheureusement la Musique se trouve bonne, comme il n’y a que trop lieu de le craindre, nous en parlerons avec dédain, avec un mépris outre, comme de la plus misérable chose qui ait été faite ; notre jugement séduira les sots, qui ne se rétractent jamais que quand ils ont eu raison, & le plus grand nombre sera pour nous.

II.

Il faudra jouer de notre mieux aux répétitions pour disculper les chefs a qui l’on reprocheroit sans cela de n’avoir pas réitéré les répétitions jusqu’a ce que le tout allât bien. Ces répétitions ne seront pas pour cela a pure perte, car c’est-là que nous concerterons entre nous les moyens d’être aux représentations, le plus discordants qu’il sera possible.