Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/114

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Solo, mais jamais Symphoniste qui brode ne fut souffert dans un bon Orchestre.

BRUIT, s. m. C’est, en général, toute émotion de l’air qui se rend sensible à l’organe auditif. Mais en Musique le mot Bruit est opposé au mot Son, & s’entend de toute sensation de l’ouïe qui n’est pas sonore & appréciable. On peut supposer, pour expliquer la différence qui se trouvé à cet égard, entre le Bruit & le Son, que ce dernier n’est appréciable que par le concours de ses Harmoniques, & que le Bruit ne l’est point, parce qu’il en est dépourvu. Mais outre que cette maniere d’appréciation n’est pas facile à concevoir, si l’émotion de l’air, causée par le Son, fait vibrer, avec une corde, les aliquotes de cette corde, on ne voit pas pourquoi l’émotion de l’air, causée par le Bruit, ébranlant cette même corde, n’ébranleroit pas de même ses aliquotes. Je ne fache pas qu’on ait observé aucune propriété de l’air qui puisse faire soupçonner que l’agitation qui produit le Son, & celle qui produit le Bruit prolongé, ne soient pas de même nature, & que l’action & réaction de l’air & du corps sonore, ou de l’air & du corps bruyant, se fassent par des loix différentes dans l’un & dans l’autre effet.

Ne pourroit-on pas conjecturer que le Bruit n’est point d’une autre nature que le Son ; qu’il n’est lui-même que la somme d’une multitude confuse de Sons divers, qui se sont entendre à la fois & contrarient, en quelque sorte, mutuellement leurs ondulations ? Tous les corps élastiques semblent être plus sonores à mesure que leur matiere est plus homogene, que le degré de cohésion est plus égal par-tout, & que