Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/311

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Il ne paroît pas que les Grecs aient jamais devise leurs Drames par Actes, ni par conséquent connu les Entre’actes.

La représentation n’étoit point suspendue sur leurs Théâtres depuis les commencement de la Piece jusqu’à la fin. Ce furent les Romains qui, moins épris du spectacle, commencerent les premiers à le partager en plusieurs parties, dont les Intervalles offroient du relâche à l’ attention des Spectateurs, & cet usage s’est continué parmi nous.

Puisque l’Entr’acte est fait pour suspendue l’attention & reposer l’esprit du Spectateur, le Théâtre doit rester vide, & les Intermedes dont on le remplissoit autrefois formoient une interruption de très-mauvais goût, qui ne pouvoit manquer de nuire à la Piece en faisant perdre le fil de l’action. Cependant Moliere lui-même ne vit point cette vérité si simple, & les Entr’actes de sa derniere Piece étoient remplis par des Intermedes. Les François, dont les Spectacles ont plus de raison que de chaleur, & qui n’aiment pas qu’on les tienne long-tems en silence, ont depuis lors réduit les Entr’actes à la simplicité qu’ils doivent avoir, & il est à desirer pour la perfection des Théâtres qu’en cela leur exemple soit suivi par-tout.

Les Italiens qu’un sentiment exquis guide souvent mieux que les raisonnement, ont proscrit la Danse de l’action Dramatique. (Voyez OPÉRA.) Mais par une inconséquence qui naît de la trop grande durée qu’ils veulent donner au Spectacle, ils remplissent leurs Entr’actes des Ballets qu’ils bannissent de la Piece, & s’ils évitent l’absurdité de la double imitation, ils donnent dans celle de la transposition de