Page:Rousseau - Du contrat social, 1772.djvu/278

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pour avoir égorgé un million d'hommes, dont ils ne reçurent jamais la moindre offense; d’autres hommes s'emparer du Continent, que dis-je, des quatre Eléments, & par un progrès inconcevable de corruption & de renversement, réformer les loix de la nature, insulter à leur auteur en accablant les uns sous le poids de l'opulence, & réduisant les autres à mourir de faim. Quelle société, grand Dieu ! que cet assemblage monstrueux de tyrans & d’esclaves, de lâches & de furieux, de bourreaux & de victimes, où des loix barbares enchaînent l’Univers, où tous les droits de l'humanité sont anéanti, où le crime levant sont front audacieux, tient la vérité attachée à son char de triomphe, où il ne reste a l’homme vertueux d’autre bien à espérer que le bonheur & la gloire d’en être séparé: ô chers habitans des bois, mes compatriottes futurs ! (que cette expression me soit encore permise) je vous porte des préceptes dont la sagesse est démontrée par une triste & déplorable expérience : Chassez bien loin de vous cette peste