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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/121

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Ce qui est bien et conforme à l’ordre est tel par la nature des choses et indépendamment des conventions humaines. Toute justice vient de Dieu, lui seul en est la source ; mais si nous savions la recevoir de si haut, nous n’aurions besoin ni de gouvernement ni de lois. Sans doute il est une justice universelle émanée de la raison seule ; mais cette justice., pour être admise entre nous, doit être réciproque. A considérer humainement les choses, faute de sanction naturelle, les lois de la justice sont vaines parmi les hommes ; elles ne font que le bien du méchant et le mal du juste, quand celui-ci les observe avec tout le monde sans que personne les observe avec lui. Il faut donc des conventions et des lois pour unir les droits aux devoirs et ramener la justice a son objet (1). Dans l’état de nature, ou tout est commun, je ne dois rien à ceux à qui je n’ai rien promis; je ne reconnais pour être à autrui que ce qui m’est inutile. Il n’en est pas ainsi dans l’état civil, ou tous les droits sont fixés par la loi (2).

Mais qu’est-ce donc enfin qu’une loi ? Tant qu’on se contentera de n’attachera ce mot que des idées métaphysiques, on continuera de raisonner sans s’entendre ; et quand on aura dit ce que c’est qu’une loi de la nature, on n’en saura pas mieux ce que c’est qu’une loi de l’Etat.

J’ai déjà dit qu’il n’y avait point de volonté générale sur un objet particulier. En effet, cet objet particulier est dans

qui est le consentement du plus grand nombre, autrement il serait absolument impossible qu’il agit en continuant à être un corps ou une société, comme le consentement de chaque particulier qui s’y est joint et uni a voulu qu’il fut.

(1) Hobbes, De Cive, ch. iu. — Les lois que nous avons nommées de nature ne sont pas des lois, a parler proprement, en tant qu’elles procèdent de la nature et considérées dans leur origine. Car elles ne sont autre chose que les diverses conclusions tirées par !‘8lSODI’lC!DCDI touchant ce que nous avons à faire ou à omettre. Mais la loi, a la définir exactement, est le discours d’une personne qui, avec autorité légitime, commande aux autres de faire ou de ne pas faire quelque chose...

(z) Houses, De Cive, chap. xiii. — Le souverain en tant que tel ne pourvoit point autrement au salut du peuple que par les lois qui sont générales...