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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/132

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LIVRE II.- CHAP. VII. 75 tages qu'il doit retirer des privations continuelles qu`impo· sent les bormes lois. Pour qu°u¤ peuple naissant put goflter lcs saines maximes de la politique et suivre les regles fondamen- tales de la raison d’Etat, il faudrait que l’efi`et put devenir la cause; que l'esprit social, qui doit étre l'ouvrage de l’in· stitution, présidat a l’institution méme; et que les hommes fussent avant les lois ce qu’ils doivent devenir par elles( i). Ainsi donc le législateur ne pouvant employer ni la force [ ni le raisonnemcnt, c'est une nécessité qu’il recourc E1 une autorité d’un autre ordre, qui puisse entrainer sans violence et persuader sans convaincre. Voila ce qui forca de tout temps les péres des nations de recourir a l’interven_tion du ciel et d’honorer les dieux de leur propre sagesse, afin que les peuples, soumis aux lois de l’Etat comme a celles de la nature, et reconnaissant le méme pouvoir dans la formation de l’homme et dans celle de la cité., obéissent avec liberté, et portassent docilement le joug de la félicité publique (2). Cette raison sublime, qui s‘éléve au·dessus de la portée des hommes vulgaires, est celle dont le législateur met les (1) Purrox, La République, liv. VII. — Le législateur ne doit point se proposer pour but la félicité d’un certain nombre de citoyens it l’cxclusion des autres, mais la félicité de tous; dans cette vue il doit tenir tous les citoyens dans les memes intéréts, les engageant par la persuasion ou par l’autorité A se faire part les uns les autres des avantages qu’ils sont en état de rendre dans la communauté, et en formant avec soin de pareils citoyens il ne prétend pas leur laisser la liberté de faire de leurs facultés tel usage qu’il leur plaira, mais se servir d’eux pour fortifier le lien de l‘Etat... (2) Bossuzr, Politique tirée de l’Ecriturc, liv. I. Art. 6, VI• Proposition. -—llfaut remarquer que Dieu n’avait pas besoin du consentement des hommes pour autoriser sa loi, parce qu’il est leur créateur, qu’iI peut les obliger a ce qui lui plait et toutefois pour rendre la chose plus solennelle et plus ferme, il les oblige a la loi par un traité expres et volontaire (celui propose par Moise au peuple d’Israel). VII- Proposition. La rox usr ceases nom use oiuoma mvms. - Le . peuple ne pouvait s'unir en sci-meme par une société inviolable si le traité n’en était fait dans son fond en présence d‘une puissance supérieure telle que celle de Dieu... C’est pourquoi tous les peuples ont voulu donner in leurs Iois une origine divine, et ceux qui ne l’ont pas eu ont feint de I’avoir. Minus se vantait d’avoir appris de Jupiter les lois qu’il donne a ceux de Crete ; ainsi Lycurgue, ainsi Numa... (et Platon dans sa République).