Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/140

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LIVRE II. — CHAP. X. 83 politique de trouver entre les unes et les autres la propor- tion la plus avantageuse a la conservation de l’Etat. On PCUI dire en général que les premieres, n’étant qu’extérieures et relatives, doivent étre subordonnées aux autres, qui sont internes et absolues. Une saine et forte constitution est la premiere chose qu’il taut rechercher; et l’on doit plus comp- ter sur la vigueur qui nait d’un bon gouvernement que sur les ressources que fournit un grand territoire. Au reste, on a vu des Etats tellement constitués, que la nécessité des conquetes entrait dans leur constitution meme, et que, pour se maintenir, ils étaient forcés de s’agrandir sans cesse (1). Peut-étre se félicitaient·ils beaucoup de cette heureuse nécessité, qui leur montrait pourtant, avec le terme de leur grandeur, l’inévitable moment de leur chute. CHAPITRE X nu PEUPLE ` (Suite.) On peut mesurer un corps politique de deux manieres : savoir, par l’étendue du territoire, et par le nombre du peuple;

  • et il y a, entre l’une et l’autre de ces mesures, un rapport

( convenable pour donner a l’Etat sa véritable grandeur (2). Ce sont les hommes qui font l’Etat, et c’est le terrain qui nourrit les hommes : ce rapport est done que la terre suffise ( a Pentretien de ses habitants, et qu’il y ait autant d’habitants que la terre en peut nourrir. C’est dans cette proportion que se trouve le maximum de force d’un nombre donné de peuple ; car s’ily a du terrain de trop, la garde en est onéreuse, ) la culture insuiiisante, le produit superiiu : c’est la cause (1) Moxrzsquxzu, Grandeur et décadence des Remains, ch. 1x. - Rome était faite pour s’ag1·andir et ses lois étaient admirables pour cela. ' (2) A1us·ro·rs, Politique, liv. IV, chap. iv. La perfection pour l’Etat, sera nécessairement de réunir a une iuste étendue, un nombre convcnable de citoyens. I l