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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/142

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V I I LIVRE Il. -- CHAP. X. 85 tie aux productions de la terre, que les hommes doivent étre plus rassemblés pour repousser les pirates, et qu’on a d’ail- i leurs plus de facilité pour délivrer le pays, par les colonies, Y des habitants dont il est surchargé. A ces conditions pour instituer un peuple, il en faut ` I &iOLlI€I` LIHC DC PCD! suppléer it I1l1ll€ 8l1tI`€, mais S8I'1S laquelle elles sont toutes inutiles : c’est qu’on jouisse de l’abondance et de la paix (1 ) ; car le temps ou s’ordonne un Etat est, comme celui ou se forme un bataillon, l’instant ou le 1 corps est le moins capable de résistance et le plus facile a ' détruire (2). On résisterait mieux dans un désordre absolu , que dans un moment de fermentation, ou chacun s’occupe de j son rang et non du péril. Qu’une guerre, une famine, une sédition survienne en ce temps de crise, l’Etat est infaillible- IDCHI I`€I'lV€I`Sé. Ce n’est pas qu’il n’y ait beaucoup de gouvernements établis `durant ccs Ofagcs; mais alors cc sont ccs g0uVc1‘nc· ments mémes qui détruisent l’Etat. Les usurpateurs aménent 0�_ChOlSiSS€l'lI IOUiOl1l`S CCS {CHIPS de trouble pOLlI' f3il'€ pas- _ (t) Pwuuquz, Préceptes pour Ie: hommes d’E:`tat. — Quels sont, pour un Etat, les biens les plus désirables? C’est la paix, la 1iberté,l’abondance, une riche population, enfin la concorde... . De méme que les incendies ne commencent pas d‘ordinaire dans les temples et dans les édifices publics, de méme que c’est une lampe négligée dans une maison, un peu de paille allumée qui fait éclater un grand em- , bi-asement et cause un désastre general; de meme ce ne sont pas toujours des rivalités ayant trait a la chose publique qui, dans les villes, allument les séditions. Bien souvent des querelles privées, des griefs personnels, pren- nent un caractere personnel, et voila une ville entiere bouleversée. Pour l'homme d’Etat, il est intéressant par-dessus tout de remédier a de telles inimitiés et de les prévenir... Les débats privés en déterminent de généraux. (2) R. Gouvernement de Pologne, chap. xv. — Voila mon plan suftisam- ment esquissé, ie m`arréte. Quel que soit celui qu’on adoptera, I’on ne doit pas oublier ce que i’ai dit dans le Contra! social de l’état de faiblesse et d’anarchie ou se trouve une nation tandis qu’elle établit ou réforme sa constitution. Dans ce moment de désordre et d’effervescence elle est hors d’état de faire aucune résistance, et le moindre choc est capable de tout ren- verser. ll importe donc de se ménager a tout prix un intervalle de tranquil- lité durant lequel on puisse sans risque agir sur soi-méme et rajeunir sa constitution. w