Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/193

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136 · DU CONTRAT SOCIAL. . supposition A l’aide de laquelle le gouvernement royal est évidemment préférable A tout autre, parce qu’il est incon- testablement le plus fort, et que, pour étre aussi le meilleur, il ne lui manque qu’une volonté de corps_p1us conforme A la volonté générale. Mais si, selon Platon (a), le roi par nature est un person- ‘ nage si rare (1), combien de fois la naturé et la fortune con- courront-elles A le couronner! Et si l’éducation royale cor- rompt nécessairement ceux qui la recoivent, que doit-on espérer d’une suite d’hommes élevés pour régner? C’est done bien vouloir s’abuser que de confondre le gouverne- ment royal avec celui d‘un bon roi. Pour voir ce qu’est ce gouvernement en lui-méme, il faut le considérer sous des pI`II'lC€S bOI`1’1éS OU II'1éCi`l3.I'lIS Q C3? 3I'I`IVCI`OI]I {CIS all tr6ne, ou le trone les rendra tels (2). Ces difficultés n’ont pas échappé A nos auteurs; mais ils de connaissances et qu'on peut A peine se flatter que d’ici A la dissolution des monarchies il puisse y avoir un prince et des ministres pareils. Fxuinémc Il, Anti-Machiavel (1740), chap. 1. —- Le souverain, bien loin d‘étre 1_e maitre absolu des peuples qui sont sous sa domination, n’en est lui-méme que le premier domestique... (a) In Civili. (Note du Contrat social, édition de { 762.) (1) P1.A·1·oz•z, Le Politique. — Les hommes n’acceptent pas volontiers d’étre gouvernés par un seul, par un monarque; ils désesperent de trouver- iamais un homme digne d‘exercer cette puissance ayant A la fois Ia volonté et le pouvoir de commander avec vertu, avec science, et de distribuer A chacun ce qui est juste, ce qui est bien; il semble qu’il soit plus porté A nous maltraiter, A nous tuer, A nous causer du dommage selon son bon plaisir. En etiet, s’il se rencontrait un monarque tel que nous l’avons décrit, on aimerait et on serait heureux de vivre sous cette excellente forme de gouvernement, la seule qu’approuve Ia raison. Mais auiourd’hui, puisqu’on ne voit pas paraltre dans les villes, comme dans les essaims d'abeilles, dc roi tel que nous l’avons dépeint, qui l’emporte d’abord sur tous les autres par le corps et par l’Ame, il ne reste qu'une chose A faire, se réunir en conseil pour écrire des lois en suivant les traces du vrai gouvernement. Fxuiuéiuc II, Anti-Machiavel, chap. xxv. — Qui sont ces princes des- quels nous prétendons tant de rares talents ?... on trouvera plutot le phcenix des poétes et les unités des métaphysiciens que l`homme de Platon... (2) Aaxsrorx, Politique, liv. VI, chap. vm. —- Nous avons traité précé- demment de la royauté en nous attachant surtout A la royauté proprement dite, c’est-A-dire A la royauté absolue. Amsrorx, Politique, liv. ll, chap. 1v.— C’est le superfiu et non le besoin