Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/219

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162 DU CONTRAT SOCIAL. mais le consentement tacite est présumé du silence, et le souverain est censé coniirmer incessamment les lois qu’il n’abroge pas, pouvant lc faire. Tout ce qu’il a déclaré vouloir une fois, il le veut toujours, a moins qu’il ne le révoque. Poufquoi donc porte-t-on tant de respect aux anciermes lois? C’est pour cela méme. On doit croire qu’il n’y a que - l’excellence des volontés antiques qui les ait pu conserver si longtemps : si le souverain ne les eut reconnues constam- ment salutaires, il les eut mille fois révoquées. Voila pourquoi, loin de s’aiI`aiblir, les lois acquierent sans cesse une force nouvelle dans tout Etat bien constitué; le préjugé de l’antiquité les rend chaque jour plus vénérables : au lieu que partout ou les lois s’afl`aiblissent en vieillissant, cela prouve qu’il n’y a plus de pouvoir législatif, etque l’Etat ne vit plus (1). CHAPITRE XII COMMENT SE MAINTIENT L’AUTORtT1’·E SOUVERAINE l Le souverain, n’ayant d’aut1‘e force que la puissance legislative, n’agit que par des lois; et les lois n’étant que I des actes authentiques de la volonté générale, le souverain ment, parce qu’il a dans ses mains une puissance coercitive qui ramenc les deux partis ; mais dans une république clles sont plus durables, parce que I le mal attaque ordinairement la puissance meme qui pourrait lc guéri1·... I Il n’y a rien de si puissant qu’une république ou l’on observe les lois I non pas par crainte, non pas par raison, mais par passion, comme furent Rome et Lacédémonc, car pour lors il se joint 21 la sagesse d’un b0l1 gou- vernement toute la force que pourrait avoir une faction. (1) R. Gouvernement de Polognc, chap. x. — Qui dit loi dans un Etat libre, dit une chose devant laquelle tout citoyen tremble". Une fois le ressort des lois usé, l’Etat est perdu sans ressource. ‘· Amsrora, Politiquc, liv. Il, chap. v. — L’humanité doit en général cher- cher non ce qui est antique, mais cc qui est bon. Nos premiers péres, qu‘ils soient sortis du sein de la terre ou qu'ils aient survécu 21 quelque catastrophe, ; ressemblaient probablement au vulgaire et aux ignorants de nos iours... I La conséquence uécessaire de ceci, c’est qu’a certaines époques, il faut changer certaines lois... Mais... 1‘innovati0n serait moins utile que ne serait l’habitude de l’obéis- I I ij; i I