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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/228

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qui n’est point dans la nature a ses inconvénients, et la société civile plus que tout le reste. Il y a telles positions malheureuses ou I’on ne peut conserver sa liberté qu’auX dépens de celle d’autrui, et oii le citoyen ne peut étre parfaitement libre que l’esclave ne soit extrémement esclave. Telle était la position de Sparte. Pour vous, peuples mo- dernes, vous n’avez point d’esclaves, mais vous l’étes; vous payez leur liberté de la votre. Vous avez beau vanter cette préférence, j’y trouve plus de lacheté que d’humanité.

Je n’entends point par tout cela qu’il faille avoir des esclaves, ni que le droit d’esclavage soit légitime, puisque j’ai prouvé le contraire : je dis seulement les raisons pourquoi les peuples modernes qui se croient libres ont des représentants, et pourquoi les peuples anciens n’en avaient pas. Quoi qu’il en soit, :21 l’instant qu’un peuple se donne des représentants, il n’est plus libre; il n’est q plus.

Tout bien examiné, je nc vois pas qu’il soit désormais possible au souverain de conserver parmi nous l’eXercice de ses droits, si la cité n’est tres petite. Mais si elle est tres petite, elle sera subjuguée (2)? Non. Je ferai voir ci—apres (a) comment on peut réunir la puissance exté-

(a) C’est ce que je m’étais proposé de faire dans la suite de cet ouvrage ; lorsqu‘en traitant des relations externes j’en serais venu aux confédérations. Matiere toute neuve, et oft les principes sont encore a établir. (Note du Contrat social, édition de 1762.)

(1) R. Lettre a M. de Bastide(16 juin 1760). Quand vous ferez imprimer la Paix perpétuelle vous voudrez bien, monsieur, ne pas oublier de m’envoyer les épreuves... Il y a une note oft ie dis que dans vingt ans les Anglais auront perdu leur liberté, ie crois qu’il faut mettre le reste de leur liberté, car il y en a d’assez sots pour croire qu‘i1s 1’onr encore.

(2) MACHIAVEL, Discours sur T ite-Live, liv. ll, chap. xxx. — Une petite république ne Cut se Hatter de demeurer tran uille et de jouir aisible- P 9 P Q l P ment de sa liberté. En eifet, si elle n’attaque pas ses voisins, elle sera attaquée par eux... Quand meme elle n’aurait pas d’ennemis étrangers, elle en verrait naitre dans son sein, car c’est un malheur inevitable pour toutes les grandes cités.

Il faut se décider à s’agrandir ou par des lignes ou par les moyens employés par les Romains...