LIVRE IV. — CHAP. II. ¤87 consent a toutes les lois, méme a celles qu’on passe malgré lui, et meme a celles qui le punissent quand il ose en violer quelqu’une. La volonté constante de tous les membres de 1’Etat est la volonté générale; c’est par elle qu’ils sont . citoyens etlibres(a).Quand on propose une loidans l’assem· ` —blée du peuple, ce qu’on leur demande n’est pas précisément s’ils approuvent la proposition ou s’ils la rejettent, mais si elle est conforme ou non a la volonté générale., qui est la leur: chacun en donnant son suil`rage dit son avis la·dessus; et du calcul des voix se tire la déclaration de la volonté générale. Quand donc l’avis contraire au mien l’emporte, cela ne prouve autre chose sinon que je m’étais trompé, et que ce que j’estimais étre la volonté générale ne l’était pas. Si mon avis particulier l’€�lI emporté, j’aurais fait autre chose que ce que i’avais voulu; c’est alors que je n’aurais pas été libre. Ceci suppose, il est vrai, que tous les caractéres de la volonté générale sont encore dans la pluralité: quand ils cessent d’y étre, quelque parti qu’on prenne, il n’y a plus de liberté. En montrant ci-devant comme on substituait des vo- lontés particuliéres a la volonté générale dans les délibéra- tions publiques, j’ai suffisamment indiqué les moyens pra- ticables de prévenir cet abus; j’en parlerai encore ci-apres. A l’égard du nombre proportionnel des suffrages pour dé- clarer cette volonté, j’ai aussi donné les principes sur lesquels _on peut le déterminer. La diiférence d’une seule voix rompt .l’égalité; un seul opposant rompt l’unanimité: mais entre l’unanimité et l’égalité il y a plusieurs partages inégaux, a chacun desquels on peut fixer ce nombre selon l’état et les besoins du corps politique. (a) A Genes, on lit au devant des prisons et sur les fers des galériens ce mot Libertas. Cette application de la devise est belle et juste. En e&`et il { n’y a que les malfaiteurs de tous états qui empechent le citoyen d’etre § libre. Dans un pays oi: tous ces gens-la seraient aux galéres, on jouirait de I la plus parfaite liberté. (Note du Contra! social, édition de 1762.) I a l
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