Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/245

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x88 DU CONTRAT SOCIAL. Deux maximes générales peuvent servir a régler ces rap- ports: l’une, que plus les délibérations sont importantes et graves, plus l’avis qui l’emporte doit approcher de l’unani- mité; l’autre, que, plus l’aH`aire agitée exige de célérité, plus ‘ on doit resserrer la dilférence prescrite dans le partage des . avis : dans les délibérations qu’il faut terminer sur-le- champ, l’excédent d’une seule voix doit suffire. La premiere de ces maximes parait plus convenable aux lois, et la seconde aux affaires. Quoi qu’il en soit, c’est sur leur combinaison que s’établissent les meilleurs rapports qu’on peut donner a la pluralité pour prononcer. CHAPITRE III mas riuzcrrows A 1’égard des élections du prince et des magistrats, qui sont, comme je l’ai dit, des actes complexes, il y a deux voies pour y procéder, savoir, le choix et le sort. L’une et o l’autre ont été employées en diverses républiques, et l’on voit encore actuellement un mélange tres compliqué des deux dans l’élection du doge de Venise. _ tt Le suffrage par le sort, dit Montesquieu (1), est de la nature de la démocratie. » J’en conviens, mais comment cela? tt Le sort, continue-t-il, est une facon cl`élire qui n’af- Hige personne; il laisse a chaque citoyen une espérance rai- sonnable de servir la patrie. » Ce ne sont pas la des raisons. Si l'on fait attention que l’élection des chefs est une fonc- tion du gouvernement, et non de la souveraineté, on verra pourquoi la voie du sort est plus dans la nature de la demo- ‘ cratie, ou Padministration est d’autant meilleure que les actes en sont moins multipliés (2). (1) Esprit des Lois, liv. II, chap. u. (2) Aniston, Politique, liv. VI, chap. xu. — D'une maniére générale ` les seules véritables magistratures sont les fonctions qui donnent le droit