Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/281

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224 DU CONTRAT SOCIAL. l Il y a une troisiéme sorte de religion plus bizarre, qui, donnant aux hommes deux législations, deux chefs, deux , patries, les soumet it des devoirs contradictoires, et les em- p péche de pouvoir étre a la fois dévots et citoyens. Telle est l la religion des Lamas, telle est celle des Japonais, tel est i le Cl`1l`lSIl3.l'1lS1'I1C I`OI`Il8ll’l. OH PCUI appeler C€lLll-Cl la I`€ll· • ' O D l glOl`l dll Pl`éII`C. CD I`CSLllI€ L1I'l€ SOHC dc dI`OlI IDIXIC CI l insociable qui n’a point de nom. A considérer politiquement ces trois sortes de religion, ? elles ont toutes leurs défauts. La troisiéme est si évidem- l ment mauvaise, que c’est perdre le temps de s’amuser it le l démontrer. Tout ce qui rompt l’unité sociale ne vaut rien; l . . . . , 1 toutes l.€S IDSIIIUIIOIIS qlll IIICUCIII l,l1OI'IlI`Il€ CII COI1U`8dlC· I . tion avec lui-meme ne valent rien. 1 La seconde est bonne en ce qu’elle réunit le culte divin i et l’amour des lois, et que, faisant de la patrie l’obiet de l’adoration des citoyens, elle leur apprend que servir l'Etat, , ,c’est en servir le dieu tutélaire. C’est une espece de théo— l cratie, dans laquelle on ne doit point avoir d’autre pontife 1 mais ce point était-il donc si important qu’il fallut tout l’appareil de la puissance divine pour l’établir? Ne confondons point le cérémonial de la n religion avec la religion. Le culte que Dieu demande est celui du coeur; et celui-la, quand il est sincere, est toujours uniforme. C’est avoir une vanité bien folle de s’imaginer que Dieu prenne un si grand intérét it la forme de l’habit du prétre, a l’ordre des mots qu’il prononce, aux gestes qu’il fait a l’autel, et a toutes ses génuilexions! Eh! mon ami, reste de toute ta hau- teur, tu seras touiours assez pres de terre. Dieu veut etre adoré en esprit et en vérité : ce devoir est celui de toutes les religions, de tous les pays, de tous les hommes. Quant au culte extérieur, s°il doit étre uniforme pour le bon ordre, c’est purement une affaire de police; il ne faut point de révé- lation pour cela. R. Emile, liv. IV. — Dieu n’a—t—il pas tout dit a nos yeux, a notre conscience, a notre iugement? Qu’est-ce que les hommes nous diront de plus? Leurs révélations ne font que dégrader Dieu en lui donnant les pas- sions humaines. Loin d’éclaircir les notions du grand Etre, je vois que les dogmes particuliers les embrouillent; que loin de les ennoblir ils les avi- p lissent; qu’aux mystéres inconcevables qui l’environnent, ils aioutent des i contradictions absurdes; qu'ils rendent l’l1omme orgueilleux, intolérant, l cruel; qu’au lieu d’établir la paix sur la terre, ils y portent le fer et Ie feu. p Je me demande a quoi bon tout cela sans savoir me répondre. Je n’y vois que les crimes des hommes et )es miséres du genre humain. l