Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/396

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APPENDICE III. 323 s’agirait d’examiner les relations tres cachées mais tres réelles qui se trouvent entre la nature du gouvernement et le génie, les mczurs et les connaissances des citoyens, et ceci me jetterait dans des discus- _ sions délicates qui me pourraient mener trop loin. De plus, il me serait bien difficile de parler du gouvernement sans donner trop beau jeu a mon adversaire, et tout bien pesé, ce sont des recherches bonnes a faire a Geneve et dans d’autres circonstances. DERNIERE nérousx A M. nonni-:s (1752) ll serait difficile d‘imaginer qu’il fallftt mesurer la morale avec un _ instrument d’arpenteur. Cependant, on ne saurait dire que l’étendue des Etats soit tout a fait indifférente aux mmu-rs des citoyens, Il y a siirement quelque proportion entre ces choses, je ne sais si cette proportion ne serait point inverse (1). Voilaune importante question a ‘ méditer et je crois qu’on peut bien la regarder encore comme indé- cise, malgré le ton plus méprisant que philosophique avec lequel elle est ici tranchée en deux mots. comrzssrons (1753) i _ Dans la préface (de Narcisse), qui est un de mes bons écrits, je commencai a mettre a découvert mes principes un peu plus que je n’avais fait jusqu’alors. J’eus bientot occasion de les développer tout a fait dans un ouvrage de plus grande importance, car ce fut, je pense, en cette année 1753, que parut le programme de l’Académie de Dijon sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes. Frappé de cette grande question, je fus surpris que cette académie cut osé la proposer. Mais puisqu’elle avait eu ce courage, je pouvais bien avoir celui de la trai- ter, et je l’entrepris. Pour méditer a mon aise a ce grand sujet, je {is, a Saint-Germain, un voyage de sept ou huit jours avec Thérése, notre hotesse, qui était une bonne femme, et une de ses amies... Enfoncé dans la forét, j’y cherchais l’image des premiers temps dont je tragais fiérement l’histoire; je faisais main basse sur les petits mensonges des hommes; j’osai dévoiler a nu leur nature, suivre le progrés du temps et des choses qui l’ont défigurée et, comparant l’homme de l’homme avec l’homme nature], leur montrer dans son perfectionnement prétendu, la · veritable source de leur misére. Mon ame, exaltée par ces contempla- tions sublimes, s’élevait auprés de la divinité et voyait de la mes sem- (1) La hauteur de mes adversaires me donnerait a la En de Pindiscrétion si ie conti- quais in disputer contre eux. Ile croient m'en imposer avec leur mépris pour les petits Euats. Ne craignent-ils point quc je leur demande une fois s’il est bon qu’1l y en nit de grande.