Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/397

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

3z4_ DU CONTRAT SOCIAL. blables suivre dans l’aveugle route de leurs préjugés, celle de leurs erreurs, de leurs malheurs, de leurs crimes, je leur criais d’une faible voix, qu’ils ne pouvaient pas entendre : ¢ Insensés, qui vous plaignez sans cesse de la nature, apprenez que tous vos maux vous viennent de vous. » De ces méditations résulta le discours sur Plnégalité, ouvrage qui fut plus du gout de Diderot que tous mes autres écrits, et pour lequel ses conseils me furent le plus utiles, mais qui ne trouva dans toute l’Europe que peu de lecteurs qui Pentendissent et aucun de ceux-la qui voulut en parler, Il avait été fait pour concourir le prix; je l’envoyai donc, mais sur d’avance qu’il ne l’aurait pas et sachant bien que ce n’est pas pour des pieces de cette étoffe que sont fondés les prix des académies. _ conuzssrous (1755) Avant mon départ de Paris, j’avais esquissé la dédicace de mon discours sur Plnégalité, je l’achevai a Chambéry et la datai du méme lieu, jugeant qu’il était mieux, pour éviter toute chicane, de ne la dater ni de France, ni de Geneve. Arrivé a Geneve, je me livrai a Penthousiasme républicain qui m’y avait amené... Je faisais souvent d’assez grandes promenades sur les bords du lac,' durant lesquelles ma téte, accoutumée au travail, ne demeurait pas oisive. Je digérai le plan déja formé de mes Institutions poli- tiques dont j’aurai bientot a parler, je méditai une histoire du Valais... Je m’essayais en méme temps sur Tacite et je traduisis le premier livre de son histoire qu’on trouvera parmi mes papiers... _ CONFESSIONSU755). Je pensais que l’Evangile étant le meme pour tous les chrétiens et le fond du dogme n’étant difiérent qu’en ce qu’on se mélait d’expli- quer ce qu’on ne pouvait entendre, il appartenait a chaque pays, au seul souverain de fixer et ce culte et ce dogme inintelligible et qu’il était par conséquent du devoir du citoyen d’admettre le dogme et de suivre le culte prescrit par la loi. Lmrrnz A LA manqursrz ns cnéquv (Epinay, 8 septembre 1755).

 Si je sais quels sont mes devoirs, je n’ignore pas non plus

quels sont mes droits; je n’ignore pas qu’en obéissant fidélement aux lois du pays ou je vis, je ne dois compte a personne de ma religion ou de mes sentiments qu’aux magistrats de l’Etat dont j’ai l’honueur d’étre membre. Ce serait établir une loi bien nouvelle de vouloir qu’a chaque fois qu’on met le pied dans un Etat, on fut obligé d’en adop- m I