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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/476

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"" I APPENDICE VII. 403 adresse A les eter, cette destruction prochaine, enfin, qui vous me- nace et que je voulais prévenir, n’est-ce pas trait pour trait I’image de votre république, depuis sa naissance jusqu’A ce jour? J’ai donc pris votre constitution, que je trouvais belle, pour mo- dele des institutions politiques; et, vous proposant (1) en exemple A l’Europe, loin de chercher A vous détruire, [j’exposais les moyens de vous conserver. Cette constitution, toute bon ne qu’elle est, n’est pas sans défaut; on pouvait prévenir les alterations qu’elle a souffertes, la garantir du danger qu’elle court aujourd’hui. J ’ai prévu ce danger, je l’ai fait entendre, j’indiquais des préservatifs : était-ce la vouloir détruire que de montrer ce qu’il fallait faire pour la maintenir? C’était par mon attachement pour elle que j’au rais voulu que rien ne piit l’altérer]. VoilA tout mon crime : j’avais tort peut·etre; mais si l’amour de la patrie m’aveugle sur cet article, était·ce A elle de m’en punir? Comment pouvais·je tendre A renverser tous les gouvernements, en posant en principes tous ceux du v6tre(z)? Le fait seul détruit l’accu- sation. Puisqu’il y avait un gouvernement existant sur mon modéle. je ne tendais done pas A détruire tous ceux qui existaient. Eh! [mon- sieur] (3), si je n’avais fait qu’un systeme, vous etes bien stir qu’on n’au· raitrien dit: on se fdt contenté de reléguer le Contra! social avec [la Ré- publique de Platon,] l’U!opie et les Sévarambes, dans le pays des chi- meres. Mais je peignais un objet existant, et l’on voulait que cet objet changeiit de face. Mon livre portait témoignage contre l’attentat qu’on allait faire : voilA ce qu’on ne m’a pas pardonné. Mais voici qui vous paraitra bizarre. Mon livre attaque tous les(4) gouvernements, et il n’est proscrit dans au cun I Il en établit un seul, [il le propose en exemple], et c’est dans celui-lA qu’il est br0lé! N’est-il pas singulier que les gouvernements attaqués se taisent, et que le gou- vernement respecté sévisse? Quoi! le magistrat de Geneve se fait le protecteur des autres gouvernements contre le sien meme! Il punit son propre citoyen d’avoir préféré les lois de son pays A toutes les autres! Cela est·il concevable? et le croiriez-vous si vous ne l’eussiez vu? Dans toutle reste de I’Europe quelqu’un s’est·il avisé (5)de flétrir l’ouvrage? Non,pas meme l’Etat ou il a été imprimé (a); pas meme la France, ou les magistrats (6) sontlA-dessus si sévéres. Y A-t-on défendu le livre? Rien de semblable zon n’a pas laissé d’abord entrer l’édition (1) Donnan!. (2) En suivan! ce qui se passai! dans le vdtre. (3) Décri! qu'une· chimere. (4) Légitime. (5) D'user de la meme rigueur. (6) Le gouvernemen!. (a) Dans le fort des premieres clameurs causées par les procedures de Paris et de Geneve, le magistrat surpris défendit les deux livres : mais, sur son propre examen, ce magistrat a bien change de sentiment, surtout quant au Contra! social. I