Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/492

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APPENDICE X. 41g encore se trouvait-il tellement dans la dépendance du petit Conseil, que son iniluence était presque touiours nulle... Son élection, quelle qu’elle fut, tombait toujours sur les memes familles... D`ailleurs, il était composé d’individus dont un grand nombre dépendait, sous 1 divers rapports, des chefs de l’Etat; et si quelques citoyens avaient essayé de remuer et de faire valoir d’anciennes prérogatives, le petit Conseil leur aurait facilement fermé la bouche par un acte d’auto- rité. » (Picot, tome III, page tgz.) A la vérité, le meme historien nous apprend encore que ec si les citoyens ne possédaient pas des droits politiques considérables... un gouvernement paternel ne négligeait rien de ce qui pouvait contri- buer 21 leur bonheur... Ils étaient aussi heureux qu’ils pouvaient rai- sonnablement le désirer. » (Ibid., page 193.) Cet heureux état de choses se concoit aisément dans une si petite ` république; mais il faut dire aussi que cette paternité du gouverne- ) ment n’avait aucune garantie réelle, et elle se démentait cruellement ~ _ elle-meme quand ce gouvétnemént, ayant regu des réclamations ou l demandes auxquelles il s’était refusé d’accéder, avait pu concevoir N quelques craintes pour le maintien de son pouvoir. Les faits que ’ Rousseau rapporte, et qui n’ont pas été contestés, et beaucoup d’au· ~ tres non moins graves et dont il ne parle pas, prouvent trop bien que tres souvent les lois fondamentales et les formes conservatrices de la vie et des propriétés furent violées de la maniere la plus odieuse,no· tamment lorsqu’en 18o7, a l’occasion d’un mouvement populaire, le petit Conseil, s’étant procuré le secours de quatre cents soldats ber- nois et zurichois, fit fusiller en secret et dans sa prison Pierre Fatio, qui s’était montré le plus ardent défenseur de la liberté a cette épo- que, et qu’au rnépris d’une amnistie solennelle plus de quatre-vingts personnes furent exilées et Hétries. De nouveaux abus d’autorité exciterent, en 1738, un mouvement semblable; il y Cut prise d’armes et meme hostilités ouvertes, pour la cessation desquelles la France, Zurich et Berne offrirent leur ar- bitrage. Cet arbitrage fut accepté, et il en résulta l’édit constitution- nel de la meme année, auquel les puissances médiatrices ajouterent un acte de garantie mutuelle. Enfin, le décret lancé contre Rousseau, en 1762, fut le signal d’une troisieme révolution, en donnant lieu 21 des representations _ sur l’inobservation des lois a son égard. Le petit Conseil ne répondit aux représentants que par l’exercice du droit négatif. Ce refus de rendre justice amena, de la part des citoyens et bourgeois, réunis en Conseil général, celui d’élire des syndics, selon l’usage; ce qui était sans exemple dans les fastes de la république. A peu pres dans le meme temps, un citoyen, nommé Robert Co- velle, qui avait encouru les censures ecclésiastiques pour une faute honteuse, refusa de se mettre e genoux devant le Consistoire, suivant l