Page:Rousseau - La Monongahéla, 1890.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
54
La Monongahéla

crainte qu’il ne fût pas mort, dardaient le cadavre du chien de coups de fourches, les autres, sur l’ordre d’Irène, transportait Nicolas de Neuville dans une des salles de la ferme.

La blessure n’était pas grave heureusement, et le jeune homme reprit ses sens à la première sensation d’un linge glacé que lui appliqua celle même qu’il venait de sauver d’un danger si imminent, de sorte que ce fut le frais visage de la jeune fille qui frappa ses regards en ouvrant les yeux.

Il murmura quelques paroles inintelligibles, qu’Irène comprit ou devina peut-être, car elle rougit, et il ferma les yeux.

— Monsieur, dit la jeune fille en s’adressant à Daniel, votre ami est trop mal pour le transporter à la ville ; nous avons heureusement plusieurs chambres libres à la ferme où il trouvera tous les soins possibles en attendant le chirurgien que je vais envoyer chercher.

— C’est inutile, mademoiselle, répondit Nicolas qui était parvenu à se lever avec effort, dans quelques instants il n’y paraîtra plus.

Cependant, comme pour démentir ses paroles, le jeune homme chancela sur ses jambes et allait tomber si Daniel ne l’eût soutenu.

— Vous voyez bien, monsieur, que vous compter trop sur vos forces, reprit Irène. Acceptez donc notre hospitalité, ce qui me permettra de vous faire expri-