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de faire un homme raisonnable et on prétend élever un enfant par la raison ; c’est commencer par la fin.

— La nature veut que les enfants soient enfants avant d’être hommes. Si nous voulons pervertir cet ordre, nous produirons des fruits précoces qui n’auront ni maturité ni saveur ; nous aurons de jeunes docteurs et de vieux enfants.

— La première idée qu’il faut donner à l’enfant est moins celle de la liberté que de la propriété.

— Parmi tant d’admirables méthodes pour abréger l’étude des sciences, nous aurions grand besoin que quelqu’un nous en donnât une pour les apprendre avec effort.

— Dans l’ordre naturel les hommes étant tous égaux, leur vocation commune est l’état d’homme et quiconque est bien élevé pour celui là ne peut mal remplir les devoirs qui s’y rapportent. Qu’on destine mon élève à l’épée, à l’église, au barreau, peu m’importe. Avant la vocation des parents, la nature l’appelle à la vie humaine. Vivre est le métier que je lui veux apprendre. En sortant de mes mains, il ne sera, j’en conviens, ni magistrat, ni soldat, ni prêtre. Il sera premièrement homme ; tout ce qu’un homme doit être, il saura l’être au besoin tout aussi